Edouard Philippe nommé PDG de l’entreprise ATOS à la fin octobre. L’information a été traitée avec une certaine amnésie sur le passif des relations entre la présidence d’Emmanuel Macron et la direction d’ATOS, entreprise française spécialisée dans les services informatiques. En cause : en 2019 l’ancien PDG d’ATOS, Thierry Breton, est soutenu par Emmanuel Macron au poste de commissaire européen au Marché intérieur, dans un contexte d’appel d’offre de l’Union Européenne pour enrichir ses outils informatiques.
Le 12 novembre 2019 le Parlement européen approuve la candidature de Thierry Breton après que celle de Sylvie Goulard ait été refusée. Ancienne ministre de la Défense, elle fut mise en cause dans une affaire d’emplois présumés fictifs d’assistants parlementaires. La commission européenne a considéré M Breton comme fiable alors que plusieurs éléments restent suspects.
Bastamag rapporte dans un article daté du 14 novembre 2019, les propos de l’ONG Corporate Europe Observatory « Il y a un recoupement massif entre les intérêts de l’entreprise dirigée par Breton et les attributions du portefeuille du marché intérieur que Macron a négocié pour lui, notamment la politique industrielle, la défense, la technologie et l’aéronautique. Ceci crée un dédale de conflits d’intérêts potentiels qu’il sera très difficile de résoudre ».
Il s’agit entre autre de la gestion informatique du contrôle aux frontières pour ce qui concerne l’Europe, mais aussi des données personnelles et biométriques des passeports et carte d’identité pour ce qui concerne la France.
Si évidemment on ne peut qu’encourager et féliciter l’attribution de marchés français et européens à une entreprise française, il n’en demeure pas moins que le lobbying devrait se limiter à l’invitation des PDG à défendre leur dossier. Plutôt que d’autoriser l’inclusion de cadres aux intérêts privés dans les membres de commission statuant sur les attributions de marché. La situation constitue un conflit d’intérêt qui soulève des questions sur les tractations en sous main et qui contribue aux tensions entre entreprises européennes mais aussi entre citoyens européens.
Le 27 octobre c’est l’ancien premier ministre Edouard Philippe qui est élu par le conseil d’administration d’ATOS, au poste de PDG de l’entreprise. Prenant ainsi la suite de Thierry Breton. Selon Capital sa rémunération pourrait s’élever entre 40.000 et 50.000€ par an, fonction qui se cumulera à celle de maire du Havre et président de la communauté urbaine Le Havre Seine Métropole qui s’élève à 8 400€ par mois.
La Haute Autorité française a rendu un jugement positif concernant la nomination d’Edouard Philippe, bien qu’accompagné de plusieurs réserves. La décision étant prise sur le postulat que l’ancien Premier Ministre n’utilisera pas ses relations avec l’exécutif pour interférer dans les dossiers et marchés pouvant impliquer ATOS. Au vue de cet échange de personnel entre LREM et ATOS, on peut effectivement douter de l’étanchéité des relations et fonctions…
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– https://www.bastamag.net/Thierry-Breton-audition-Commission-Europe-conflit-interets-PDG-Atos-Macron
– https://www.liberation.fr/checknews/2020/09/23/edouard-philippe-chez-atos-la-haute-autorite-pour-la-transparence-est-elle-vraiment-favorable_1800071
– https://www.capital.fr/economie-politique/la-future-remuneration-dedouard-philippe-chez-atos-1381412
– https://www.francebleu.fr/infos/politique/edouard-philippe-elu-au-conseil-d-administration-d-atos-ce-mardi-1603881859