L’artiste n’est pas passée inaperçu dans l’émission On Est Pas Couché de ce samedi 23 mars où elle dénonce de manière virulente les logiques racistes qui animent plusieurs interventions policières. Le Ministre a rapidement réagi en dénonçant des mensonges. Pourtant les preuves de comportements racistes n’engendrant aucune condamnation en justice sont légions, hors le respect envers l’Institution Police ne peut se faire qu’au prix de l’exemplarité et du respect du droit.
Quand un Ministre de l’Intérieur refuse l’application de cet Etat de droit dans son ministère, l’extrême droite est en fête et le fait savoir. Petits florilèges des soutiens à Christophe Castaner sur le compte Twitter de l’artiste Camélia Jordana. Entre menaces, propos misogynes, grossophobie et attaques sur les origines algériennes de l’artiste, on assiste à la convergence de l’extrême droite avec le gouvernement Édouard Philippe. Une dynamique déjà rencontrée lorsque des Gilets Jaunes dénonçaient les mutilations volontaires dans la Police et que la presse recevait le contenu des fiches TAJ des lanceurs d’alerte, constituant des campagnes de diabolisation plutôt caractéristiques des régimes autoritaires. Déjà l’on voyait des commentateurs se concentrer sur l’origine ou le parcours d’un Gilet Jaune pour ne pas aborder la situation des violences policières.
Pour n’en citer que deux, voici des scènes récentes montrant racisme et violence décomplexés par des membres des forces de l’ordre, en banlieue, sans intervention des collègues du fonctionnaire s’adonnant à des crimes pourtant passibles de peine de prison. Une réalité très éloignée du mythe qui voudrait que la Police n’arrive plus à entrer dans les banlieues :
Dans la vidéo présente sur ce lien, un fonctionnaire de Police dégrade volontairement le téléphone d’un interpellé avant de le frapper.
Si on peut effectivement voir une exagération dans le choix des mots « des travailleurs de banlieue massacrés en allant au boulot », encore qu’il faudrait connaître l’échelle de temps considérée par Camélia Jordana, le problème de fond est bien réel : l’incapacité du Ministère de l’Intérieur de discipliner les commissariats qui hébergent racisme et violence gratuite. Il est évidant que tout les policiers ne se comportent pas ainsi mais nous n’avons pas encore vue de manifestation des fonctionnaires de Police pour se désolidariser des commissariats et hiérarchies qui protègent les violences policières. Tandis que la moindre critique de la Police par un Ministre engendre une opposition dans la rue. Ce fut nottamment le cas lors de la présidence Hollande où les policiers ont défilé en arme après la visite du président au jeune Théo. Il est donc logique que la réhabilitation de l’image de la Police soit conditionnée à une refonte du ministère et une expression des fonctionnaires refusant les actes de leurs collègues qui déteignent sur l’ensemble de la profession.